Vers le glacier Franz Joseph

ILE DU SUD – 09/2018

Nous quittons avec regret la belle région de Wanaka pour remonter vers les glaciers Fox et Franz Joseph. Sur la route nous faisons d’abord un arrêt aux Blue Pools, puis au lac Matheson.

Blue Pools

Il y a déjà beaucoup de vans et voitures sur le parking d’accès aux Blue Pools. Après 15 min de descente tranquille au cœur du bush, on arrive à un pont suspendu au-dessus d’une rivière d’une jolie couleur émeraude. Le sentier continue jusqu’à un autre pont qui surplombe les Blue Pools. Il s’agit d’un grand bassin d’eau bleue et translucide.

Blue Pools
Blue Pools

Nous reprenons la route qui serpente le long de la rivière au coeur des montagnes. Parfois, la pente est rude et le van a du mal à avancer. Le panorama se modifie au fur et à mesure que nous approchons de la côte ouest. D’ailleurs nous passons le panneau «Welcome to Westlands »

Lac Matheson

Nous approchons du Lac Matheson, célèbre pour son reflet du Mont Cook et du massif alpin. Le tour du lac prend 1h30. Il est jalonné de panneaux explicatifs sur la faune et la flore des lieux. Le site est certes sympathique, mais sa célébrité est un peu surfaite, à notre avis.

Glacier Franz Joseph

Nous faisons un arrêt au camping du village du même nom. Je crois que c’est le moins chouette des campings que nous ayons fait. Le tarif est moyen, emplacements minuscules sur gravier au touche à touche, pas de pelouse, kitchenette peu équipée, 3 douches en cabine qui rappellent les Formule 1. Le soir venu, il est plein comme un œuf. Les hélicoptères qui vont déposer des touristes sur les glaciers tournent toute la journée au dessus de nos têtes.

Le lendemain nous décidons de marcher jusqu’au glacier Franz Joseph. Nous empruntons le sentier « Sentinel Rock » (1h30 AR), très facile d’accés. Beaucoup de chutes d’eau sur le chemin. Rapidement, nous arrivons au point de vue qui permet d’admirer le glacier.

Nous apprenons que le glacier a énormément reculé entre 2008 et 2012. Clairement, on se sent chanceux. Nous comprenons que si nous revenons dans 6 ou 8 ans, il est possible qu’il ait disparu.

Le glacier culmine entre 2500 et 2600m alt. Nous sommes à environ 750m de distance du début du glacier. Avec les jumelles, nous distinguons nettement les sculptures dans la glace et ce bleu si caractéristique de la glace compressée.

Carte en relief des glaciers Franz Joseph et Fox

Dans cette région, nous sommes en face des montagnes les plus hautes de Nouvelle-Zélande. Forcément, il a fallu les nommer. Entre les Maoris et les Anglais, nous constatons que, pour l’attribution des noms, il y a deux écoles.

Les Māoris adoptent l’approche mythologique : ces pics immenses et inaccessibles sont des dieux, des représentations divines. Voici leur histoire.
Aux temps anciens, il n’y avait que l’océan, aucune terre n’apparaissait.
Raki, le dieu du Ciel, épousa Papatūanuku, la Terre Mère. Après le mariage, certains enfants du dieu du Ciel vinrent présenter leurs félicitations aux mariés. Parmi ces visiteurs célestes, quatre frères Aoraki (Nuage dans le Ciel), Rakiroa (Long Ciel), Rakirua (Ciel en Second) et Rarakiroa (Longue Ligne Droite).

Ils voyagèrent en canoë. Ils eurent beau sillonner la mer dans tous les sens, ils ne trouvèrent aucune terre. Ils décidèrent alors de rentrer dans leur demeure céleste. Mais l’incantation qui devait attirer le canoë dans les cieux échoua et le canoë sombra dans l’océan, se changeant en pierre et en terre. Il forma ainsi les deux îles de la Nouvelle-Zélande. Pendant le naufrage, les quatre frères tentèrent de monter sur la plus haute partie du canoë. Ils furent changés en pierre eux aussi et devinrent la chaîne des Alpes du Sud. Ils sont toujours là aujourd’hui. Aoraki (l’ainé) forme le plus haut sommet. À ses côtés, ses frères l’entourent.

Les Anglais ont traversé la moitié de la Terre pour accéder à ces terres. Ils sont les maîtres des mers et ne s’encombrent pas de croyances païennes. Leur reconnaissance est tournée vers des marins aventuriers qui ont tracé les routes maritimes dans les mers du monde. Pour leur marquer leur respect, ils donnèrent leur nom aux plus hauts sommets de Nouvelle-Zélande.

Hauts sommets

Mont La Pérouse (3087 m) :
Le français Jean François de Galaup, comte de La Pérouse (1741 – 1788) n’est jamais passé par la Nouvelle-Zélande mais la fameuse expédition qu’il dirigea lui vaut l’honneur de voir son nom donné à un 3000.

Mont Haast (3114 m) :
Le géologue allemand Johann Franz von Haast (1822 – 1887), lui, a vécu en Nouvelle-Zélande. Il y découvrit des gisements de charbon et d’or. Il étudia aussi des collections de fossiles, fonda le Museum de Christchurch et fut fait Chevalier par la Reine d’Angleterre.

Mont Dampier / Rakiroa en māori (3440 m) :
William Dampier (1651 – 1715) est un navigateur voyageur anglais, corsaire à ses heures. Il parcourut les mers lors de deux voyages autour du monde et ses livres connurent un très grand succès. L’Amirauté anglaise, impressionnée par son travail, lui confia le commandement d’une expédition sur les côtes australiennes.

Mont Tasman / Rarakiroa (3497 m) :
Abel Janszoon Tasman (1603 – 1659) est un navigateur néerlandais qui a donné son nom à la Tasmanie. C’est lui qui découvrit la Nouvelle-Zélande (les deux îles avaient était déjà découvertes par les Maoris, mais comme ils ne sont pas Blancs catholiques, ça ne compte pas.) Tasman longea les côtes des deux îles, sans découvrir le bras de mer qui les sépare. Sa seule rencontre avec les Maoris se solda par la mort de quatre de ses marins. Il échoue de peu à la première place, sans doute à cause de sa nationalité.

Aoraki / Mt Cook (3724 m) (depuis 1998, les deux noms sont officiellement accolés et le nom māori est placé en premier) :
Le vainqueur est forcément un marin anglais. Il s’agit de James Cook (1728 – 1779). Il a cartographié l’intégralité des côtes néo-zélandaises et une grosse partie de l’Océan Pacifique. Ses trois voyages ont permis de faire un pas de géant dans la connaissance des territoires du Pacifique et de l’Antarctique. Cela permit aussi à l’Angleterre de s’approprier toutes ces terres.