Le parc national de Prokletije

Plav et Gusinje

Après quelques jours de soleil, la pluie est de retour. Nous partons en direction de Plav et son nouveau parc national de Prokletije. C’est le cinquième parc naturel du pays, situé à la frontière avec l’Albanie et le Kosovo. Sur la route, deux policiers avec un radar mobile nous demandent de stopper, puis se ravisent et nous font signe de continuer. La plaque d’immatriculation française nous évite la contravention.

Clairement, c’est le plus sauvage et le plus beau des parcs du Monténégro, avec les plus hauts sommets de ces Dinarides (haut massif des Balkans). Nous y avons passé 6 jours et 1/2 et nous ne l’avons pas regretté.

Arrivés à Plav (1000 m alt.), nous apercevons entre les gouttes le lac « Plavsko Jezero » dans un écrin de montagnes. Nous en profiterons plus tard, quand le temps sera plus clément.

Arrivée à Plav et vue sur le Lac "Plavsko Jezero"

Il est midi et nous décidons de déjeuner dans un restaurant conseillé par le Lonely Planet, car la description nous a bien intrigués. Et nous ne sommes pas déçus par le cadre du restaurant ABAS. Il est vrai que son aspect «château Walt Disney futuriste» surprend. Nous sommes seuls dans cette grande salle. Nous déjeunons d’une soupe et de poisson servi avec des légumes, le tout arrosé de Vranac (vin rouge local).

Nous passons une nuit au Eko Katun Rosi à Vusanje. Si l’auvent avec table et banc est bien pratique, le sol boueux, le poêle à bois au niveau des douches/wc qui nous enfume allègrement, ne nous emballent pas vraiment. Nous ressortons tout propres des douches mais on sent la boucane.

Le lendemain, le temps n’est toujours pas au beau fixe. On redescend à Plav. Jérôme en profite pour se faire couper les cheveux (3€ la coupe homme), pendant que je visite la ville sous une belle éclaircie.

Pour les deux nuits à venir, nous nous posons sur le terrain du restaurant Krokjet à Gusinje. La gérante parle surtout allemand (les touristes allemands sont très présents dans le pays). Elle dispose de toilettes et douches accessibles par l’extérieur.

Nous profiterons d’une éclaircie pour se balader dans Gusinje. Ce village pittoresque est tourné vers l’agriculture et l’élevage. Les vaches et les moutons vont au prés ou reviennent seuls, paressant parfois sur les routes.

Nous avons aperçu plusieurs mosquées et le muezzin appelle à la prière alors que nous commençons l’apéro. La population de cette région est majoritairement d’obédience musulmane, contrairement au reste du pays, plus orthodoxe.

Ballade à Gusinje

Lac Cemerikino

Nous devons prendre le van pour accéder à l’entrée du sentier pour le Lac Cemerikino. Nous entrons dans le parc national des Prokletije par Grebaje. Un groupe de randonneurs italiens nous devance. Le jeune agent du parc sort d’un bosquet (son bureau !) pour nous faire acquitter du droit d’entrée : 1 € par personne.

Le sentier débute par un chemin forestier sans difficulté et sans dénivelé important. Il traverse les bois et finit en fond de vallée.

Deux heures plus tard, nous arrivons au lac Cemerikino qui n’est plus qu’une vaste prairie, car une fois encore, c’est un lac glaciaire asséché à cette époque de l’année. Le panorama est magnifique avec tous ces pics et sommets acérés.

Entrée dans la vallée vers le lac Cemerikino au petit matin

Pause au bout du lac à la borne qui indique la frontière avec l’Albanie. Un pas et nous y sommes. Ça fait bizarre d’être là où, auparavant, des tirs nous auraient certainement accueillis.

Selfie à la borne qui marque la limite entre les territoires monténégrins et albanais

Le groupe d’Italiens nous rejoint et nous apprenons qu’ils font le tour des Pics des Balkans sur 8 jours. Ce tour propose une randonnée en itinérant qui traverse 3 pays : Monténégro, Albanie et Kosovo. Hum ! Ça nous fait bien envie.

Sur le chemin du retour, nous décidons de nous élever un peu et faisons l’ascension jusqu’au Katun Zastan. Nous pique-niquons quelques mètres au-dessus du katun.

À notre arrivée au camping, nous dînons au restaurant de notre hôte. Nous nous régalons d’une soupe de carotte à la crème, de fromage frais maison et pour finir un coup de raki pour réchauffer les miches. Nous apprendrons d’ailleurs grâce à notre hôte que ce raki est fait à base de « Cornelia cherry » une sorte de cerise dont la forme fait penser aux grains de café.

Cirque de Skala

Le temps est mitigé, mais nous partons quand même vers le cirque de Skala que nous avons repéré sur la carte achetée à la maison du parc. À un moment, la route goudronnée laisse place à une bonne route en terre.

Nous arrivons sur un terrain herbeux à 1000 m d’alt, près de quelques îlots en bois munis de BBQ. Un autre van est déjà installé. Nous y passerons trois nuits en toute autonomie (pas de douche ni de toilette mais une source d’eau potable).

Au petit matin au cirque de Skala - notre sweet home est à droite ;o)

Nous prenons le temps d’un café au katun situé à l’entrée du terrain. On demande au propriétaire où se trouve les toilettes, il désigne d’un geste tous les arbres environnants et s’écrie : « Natura ». Nous essayons ensuite de repérer quelques sentiers pour les randos. Et bien, des sentiers, il y en plein, et dans toutes les directions !

Le soleil se couche sur le cirque de Skala

Nous dînons rapidement, car la nuit tombe de plus en plus vite, le fait que nous soyons plus à l’Est se fait sentir, d’autant plus dans un cirque où les montagnes cachent le soleil dès 17 h. Le ciel s’est dégagé et nous profitons d’une belle nuit étoilée avec la voie lactée bien visible.

Le lendemain, le réveil a été oublié 😋. Nous partons pour une randonnée à la journée. L’ascension commence dans le sous-bois sur un terrain raide et rendu très glissant par les dernières pluies. Au bout d’une heure, nous accédons à un premier belvédère qui permet d’avoir une belle vue sur le cirque et la vallée au loin. Un second belvédère un peu plus loin offre un chouette panorama sur le massif et pics alentours.

Le soleil et le ciel bleu sont au rdv, nous décidons de continuer notre ascension (D+ 900 m) en espérant pouvoir faire une boucle, mais, comme souvent depuis que nous sommes ici, rien n’est moins sûr. Les marques des sentiers disparaissent parfois, pour réapparaître un kilomètre plus loin, ou ne jamais réapparaître du tout. Les numéros des sentiers sont différents des numéros portés sur notre carte et les destinations ne sont pas toujours orthographiées de la même manière. C’est pour les pros de l’orientation.

Point GPS car la carte, même si plus récente, n'aide pas vraiment. D'ailleurs nous ne serons pas les seuls à chercher à faire une boucle qui n'existe pas...

Nous débouchons sur un plateau caillouteux et perdons le sentier (encore une fois !). Comme il est l’heure de la pause déjeuner, on se trouve un replat à l’abri du vent tout en ayant une belle vue sur le massif.

Ne trouvant pas le sentier permettant de faire la boucle prévue, nous faisons demi-tour et croisons un groupe de trois jeunes randonneurs. Ils nous interrogent sur la suite du chemin et ce qu’on y trouve ; ils ont prévu de dormir là-haut. À la descente, nous croisons le quatrième du groupe, en sandales et chargé comme un sherpa. Impressionnant !

Une nuit sans nuages et une belle voie lactée

De retour au van, il y a plusieurs véhicules de locaux et d’autres vans. La musique est présente : variétés versus pop music. Et oui : il est vendredi soir, veille du WE, les habitants profitent de cette belle journée pour se détendre et faire un barbecue.

Le Maja e Can

6h30, grand ciel bleu. L’ascension commence tranquillement dans la forêt, en suivant un chemin forestier. Le soleil tape fort et a déjà chassé l’humidité de la nuit. On sort enfin à découvert et là oh ! Surprise ! Un cirque tout en couleurs de l’automne. Trop beau !

Arrivée au croisement menant au Maja e Can

Nous continuons le sentier qui monte doucement jusqu’au mont Maja e Can. La vue est vertigineuse. On domine le cirque de Skala où nous campons.

Petite pause de 10 h, puis nous reprenons le sentier des crêtes qui est assez impressionnant et sensationnel 🤩. Le mitraillage photo n’arrête pas ; nous sommes à la limite frontalière entre le Monténégro et l’Albanie.

Nous ne rencontrons personne sur cette magnifique journée. Déjeuner près d’une rivière et trempette des pieds. Que ça fait du bien !

Nous redescendons par le même chemin, presque déçus de devoir déjà repartir, mais les jours s’écourtent : pas le choix.

Au katun où nous nous arrêtons pour un café, nous retrouvons les quatre jeunes randonneurs tchèques de la veille. Ils nous confirment avoir dormir là-haut. Ils voulaient faire également la boucle et nous demandent si nous avons pu la faire, car eux même n’ont pas trouvé le sentier. « Pareil que nous !  » leurs répondons nous .

Nous en avons terminé avec le Parc national de Prokletije qui restera un de nos plus beaux souvenirs du Monténégro. Nous reprenons la route direction le dernier parc du pays : le parc du Lac Skadar, réserve d’oiseaux protégés.