De Auckland à Cap Reinga

ILE DU NORD -08/2018

26/07/2018 – Nous sommes enfin arrivés à Auckland, capitale de la Nouvelle-Zélande (Aotearoa en maori), située sur l’île du Nord. Le pays est composé de 3 îles. L’île du Nord bénéficie d’un climat plus clément tandis que celle du Sud, proche du cercle polaire, a des températures plus fraiches. La 3e, l’île Stewart, beaucoup plus petite que les 2 autres, se situe tout au Sud.

Drapeau national neo-zelandais

A notre arrivée, après 15 heures passées dans un zinc avec la clim à fond (pour rendre les passagers dociles sans doute), nous passons devant la douane de « bio-sécurité », mondialement célèbre pour son côté très tatillon.

En quoi cela consiste ? C’est simple : il s’agit de protéger l’environnement et les espaces naturels du pays, donc tout produit alimentaire ou animal doit être déclaré. Certains sont carrément interdits. Il en est de même pour les affaires de randonnée, de camping, de pêche, etc. Avec notre matériel de randonnée et de camping, nous allons forcément avoir droit à l’inspection. Comme nous étions informés, nous avions tout nettoyé à Tokyo : les chaussures, les sacs à dos, la toile de tente et piquets et les bâtons de randonnée.

Nous passons la douane sans souci après vérification de nos semelles de chaussures, des souvenirs (en bois) ramenés du Japon… Seule notre toile de tente passera par un sas de contrôle par des agents. Nous attendrons 30 mn avant de la récupérer.

En fait, nous constatons que ce sont surtout les touristes asiatiques (philippins, malaisiens, chinois, etc) qui voient leurs cartons extrêmement contrôlés. Les agents, munis de cutters, ouvrent tous les cartons, les sachets contenant de la nourriture et les valises. Une fois le contrôle effectué, tout est remis dans des sachets plastiques zippés et certifiés. Pour le coup nous avons passé presque 2h à la douane derrière ces files de touristes. Dur, dur !

Après avoir été récupérés à l’aéroport par l’agence de location et les formalités administratives effectuées, nous sommes enfin dans notre « campervan ». C’est un Toyota Hiace surélevé, moteur de 3l essence, boite automatique. Il est équipé d’un frigo, de 2 feux gaz, de vaisselle, draps, couettes et serviettes de bain. Il y a même un grille pain !

Notre nouvel ami prêt à voguer...heu à rouler

Nous passerons nos 2 premières nuits dans un camping prés d’Auckland – Avondale Motor Park. C’est nécessaire pour se remettre des heures de vol (19h en tout avec escale). Nous n’avons pas pris un emplacement avec électricité.

All Blacks

Pour le coup on se retrouve sur une bande de gravier pas très large et peu agréable. Par contre les sanitaires sont supers cleans et les douches chaudes. Et leurs cuisines, comme dans tous les campings payants de NZ, sont spacieuses, équipées en électroménager (micro-ondes, frigo, bouilloire, cuisinière, toasteurs, fours). Même le produit vaisselle est fourni.
Nous ferons également connaissance avec un oiseau que nous ne connaissons pas : le Pukeko, sorte de poule d’eau, haute sur pattes, d’un noir bleuté avec un gros bec rouge.

Le Pukeko

Avant de partir nous téléchargeons les applications très utiles en Nouvelle-Zélande : Campermate et Rankers qui recensent tous les campings et Gaspy pour obtenir les stations où l’essence est le moins chère.

Nous allons faire le plein de courses dans un supermarché discount – Pak’n’save. Nous y trouvons tout ce dont nous avons besoin. Le magasin est 2 fois plus grand qu’au Japon, les clients 2 fois plus larges. Les Néo-Zélandais sont des grands gabarits, pas étonnant qu’ils soient bons au rugby.

Nous rêvons d’un bon resto. Nous trouvons un petit café où nous nous régalerons de plats copieux et goûteux. Jérôme va découvrir au cours de notre road trip que les Néo-Zélandais sont spécialistes des bons et énormes gâteaux maisons comme il les aime : bien gras et sucrés.
Après les repas allégés du Japon, notre estomac nous fait rapidement comprendre d’y aller mollo 😜.
Mais quel bonheur de retrouver certaines saveurs avec des portions dignes de nos appétits voraces !

L’objectif est de rallier d’ici 8 jours le nord de l’Ile du Nord : Cap Reinga.

À la découverte du Kauri

Yes ! Enfin sur la route dans notre van ! la location n’est pas trop chère parce qu’il a pas mal de kilomètres. Nous découvrirons au fil des jours que l’équipement intérieur a bien bourlingué lui aussi. Là encore, la conduite est à gauche. Je m’y mets aussi, c’est facile en Nouvelle-Zélande avec ses grandes routes et ses plaines peu urbanisées.

Le long des pâturages

Après s’être régalés d’un déjeuner à Wellsford, nous nous rendons compte que nous sommes vannés ; le contre coup des 19h de voyage se fait sentir. L’avantage d’être en van et en hiver en NZ est que nous pouvons nous arrêter dans le camping le plus proche sans réserver.

Nous dormons au camping « Matakahoe Holiday Park » pour une nuit (40$ pour 2 avec électricité – environ 22€). Nous serons tous seuls. La gérante nous accueille chaleureusement et nous enjoint à être relax et à profiter. Elle me donne du Darling à chaque phrase.

Le lendemain, nous visitons le musée Kauri Museum juste à coté du camping. Il est dédié au kauri. Et alors, c’est quoi le kauri ?
Il s’agit de l’arbre emblématique de Nouvelle-Zélande. Sa taille est proche du baobab. Les 1ers pionniers néo-zélandais ont découvert un arbre réunissant toutes les qualités nécessaires pour fabriquer des bateaux, des meubles luxueux et des bâtiments.

Il est d’une essence rare et d’un bois extrêmement solide sans aucun défaut. Par ailleurs, il sécrète une résine d’une jolie couleur ambrée qui est travaillée comme une pierre précieuse. Cela donne de très beaux bijoux et des objets de décoration. La résine peut parfois atteindre plusieurs centaines de kilo en un seul bloc. Le kauri est un arbre vénéré par les Maoris, il est donc protégé. Son exploitation est toujours d’actualité, mais très encadrée. Il est actuellement en danger : colosse aux pieds d’argile, un champignon attaque ses racines.

Le musée est magnifique et instructif. Il est établi sur 4500 m2 de surface (le billet est valable 2 jours, il faut ça si on veut bien tout voir). Il faut absolument s’y rendre avant d’aller voir les Big Trees et visiter les forêts de kauris. La dame de l’accueil est québécoise et s’exprime en français. Elle vit en NZ depuis une vingtaine d’années. Elle nous remet un document descriptif en français.

Pour continuer sur notre découverte de cet arbre mythique, nous nous arrêtons au camping tenu par le DOC (Department of Conservation, Te Papa Atawhai en maori, l’équivalent de notre ONF) « Trounson Kauri Park » (30$ pour 2 pour une nuit).

Le camping se trouve au milieu des pâturages occupés par des vaches. Juste à côté il est proposé un sentier d’une 40aine de mn à travers une forêt de kauris et autres espèces arboricoles. Avant d’y entrer, nous devons respecter les précautions d’usage : nettoyage des semelles de chaussures avec un produit spécial et ensuite un coup de brosse. Ce sera ainsi dans les parcs où on trouve des kauris.

Visite de la forêt de Kauris - nettoyage des chaussures obligatoire

Les kauris sont des arbres impressionnants, d’un taille gigantesque et d’un diamètre imposant. On comprend mieux comment il est possible de tailler un bateau entier dedans. Certains arbres existaient déjà quand Christophe Colomb a découvert l’Amérique.

Nous poursuivons vers Waipoua Forest pour découvrir les fameux « Big Trees ». Ils sont au nombre de trois et considérés comme sacrés par les Maoris : Te Matua Ngahere – le Père de la forêt, Four Sisters – les 4 soeurs et Tane Mahuta – le Lord de la forêt. Déjà on commence à comprendre d’où est venue l’inspiration de Peter Jackson avec son film le Seigneur des Anneaux.

Ahipara et 90 Mile Beach

Nous continuons notre route vers le nord. Nous traversons de grands pâturages dans des vallons verdoyants. Je crois n’avoir jamais vu autant de vaches, de moutons et de pintades au km2. Nous prenons Heidi en auto-stop, qui pour nous remercier chantera en maori. Incroyable moment !

Un des nombreux bras de mer le long de la côte ouest

La route nous permet d’avoir des points de vue sur des bras de mer comme on n’a pas l’habitude d’en voir et ce qui est magique en Nouvelle-Zélande, tout de suite après on traverse une magnifique forêt – le bush ici – en empruntant les gorges de Mangamuka.

Le soir au camping de Ahipara, nous faisons apéro avec le rhum local « Murderers Bay’s », un nom prometteur, mais en fait plutôt léger à 37° ; nous étions habitués au rhum réunionnais qui côte à 49°, voire 55°.

Nous faisons connaissance avec Oliver et Frances, anglais de leur état. Ils prévoient d’aller pêcher la nuit à marée basse avec une combinaison de plongée. Courageux : la nuit tombée, ça caille méchamment. Nous parlons avec eux de voyages. Nous leur conseillons la Réunion et Rodrigues, ils nous conseillent les Açores.

Le lendemain, nous décidons de longer la célèbre plage et bien nommée « 90 Mile Beach ». Cette plage continue jusqu’au Cap Reinga. Nous n’irons pas jusqu’au bout évidemment, notamment en raison de la marée et il fait nuit très tôt. Le vent est glacial malgré le beau temps, mais la lumière d’hiver est magnifique.

Pour autant je me déchausse car je veux absolument mettre mes pieds dans l’océan Pacifique ! Enjoy !…. Jérôme me rappelle, non sans ironie, que j’ai les pieds dans la mer de Tasman et non dans le Pacifique. Rabat joie, va ! 😜

Laurence les pieds dans la mer de Tasman

En tout cas, c’est magnifique : l’eau a une belle couleur bleue, la plage est gigantesque. D’ailleurs nous y croisons en fin de journée quelques 4×4 qui y roulent. Eh oui ! C’est autorisé, bien que les dunes et la plage soient protégées. Pas sûre de tout comprendre !

Nous restons une journée de plus et nous profitons pour aller voir les dunes conseillées par Oliver et Frances. Après une première recherche infructueuse, nous trouvons enfin les dunes en question grâce à des 4×4 qui parcourent les rochers découverts à marée basse.

Après un détour de la falaise, nous découvrons une superbe baie avec les dunes qui la dominent. C’est très beau ! Nous croisons quelques pêcheurs installés prés de leur véhicule tout-terrain. Cette région semble être un paradis pour les pêcheurs et les chasseurs. Les magasins proposent des moulinets pilotés par ordinateurs et tous les calibres de fusils pour chasser du moineau au sanglier. Parfois les chiens confondent les kiwis avec le gibier, mais personne n’est parfait.

Lors d’un déjeuner déjà bien copieux, Jérôme commande une part de cheesecake. La serveuse lui demande s’il souhaite qu’elle rajoute de la crème (« extra cream ? »). Jérôme refuse un peu interloqué et la serveuse lui concède qu’il doit déjà en avoir assez sur le gâteau.

Giant Te Paki Sand Dunes

Il nous reste 2h de route pour rallier Cap Reinga. Nous passons d’abord à Kaitaia pour faire le plein de courses et d’essence, car ensuite c’est 110 km sans rien ou presque (à des prix élevés).

Nous nous arrêtons pour aller voir les dunes géantes de Te Paki. Pétard de mer…! Les dunes du Pilat peuvent aller se rhabiller. Incroyable ! Nous avons l’impression d’être dans Star Wars. Quelques touristes louent des bodyboards pour dévaler les pentes à toute vlingue.

Quant à nous, nous grimpons les dunes qui nous offrent au sommet une très belle vue sur l’océan d’un côté et sur les pâturages vallonnés de l’autre côté.

Le site est immense, sans chemin, sans restriction. Nous nous retrouvons seuls au milieu des dunes, le bonheur !

Les dunes géantes Te Paki

Cap Reinga

Nous rejoignons le camping du DOC « Tapotupotu ». Le camping n’est pas cher (16$ pour 2 la nuit), il est équipé de toilettes sèches et de douches froides extérieures. Comme il n’est pas très grand, c’est 1er arrivé, 1er servi. Nous décidons d’y rester 2 nuits pour bien profiter. Il est situé à 20m d’une plage et du sentier qui mène au Cap.

Si au départ il y avait peu de vans ou de camping-cars, ce ne sera pas plus le cas au cours de la nuit qui verra son lot de campeurs arriver. Le lendemain matin, ça parle plus français qu’anglais : sur la totalité des campeurs, au moins la moitié sont des Français.

La nuit sera dégagée et particulièrement étoilée, nous admirons la voie lactée telle que nous l’avons rarement vue, avec Mars bien visible. Jérôme en profitera pour faire de belles photos de nuit.

Le lendemain, nous préparons nos sacs à dos avec vêtements chauds et de quoi pique-niquer. Nous empruntons le « Cape Reinga Coast Walkway » – 5km – 3h aller-retour. Dés le départ, le panorama est si beau qu’on s’arrête toutes les 20mn. A ce train là, ce n’est plus 3h qu’on va mettre ! Et comme il s’agit d’un sentier côtier, ça monte et ça descend.

D’ailleurs par moments, je lui trouve un côté breton à ce paysage, avec ses falaises déchiquetées, ses petites plages de sable blanc, l’océan dans toutes les nuances du bleu, les genêts, etc. J’aurai d’ailleurs l’occasion de mettre enfin les pieds dans l’océan Pacifique !

Nous arrivons au bout du Cap Reinga, prés du phare du même nom. Un poteau habillé de flèches indique les directions de destinations lointaines : Londres, Los Angeles, Tokyo, Vancouver, Bluff…plus de 18000km pour rejoindre Londres ! Nous assistons au choc tumultueux entre la mer de Tasman et l’océan Pacifique.

On ne peut pas descendre vers la mer, aucun chemin n’y mène car c’est une zone sacrée pour les Maoris : c’est ici que les âmes des morts rejoignent l’au-delà en descendant par les racines des arbres. Pour les Maoris, ces eaux turbulentes sont la rencontre entre la mer mâle et la mer femelle ; les tourbillons des courants indiquent l’union de ces 2 êtres, la naissance de la vie.

Du Cap Reinga part un chemin traversant toute la Nouvelle Zélande, un des fameux « Great Walks ». Le site du DOC recense non seulement les campings et les refuges (Hut) dont ils ont la charge, mais également les sentiers praticables sur tout le pays. Très utile!

Nous retournons au camping. Arrivés sur la plage, nous observons 2 pêcheurs locaux dont l’un d’eux semble avoir une prise. Je le regarde, il me sourit et me dit d’approcher. Il vient de pêcher un kawai, une sorte de maquereau, qu’ils vont déguster le soir même me dit-il. Miam ! Je l’envie